Discours d’hommage aux victimes du terrorisme – 11 mars 2024

Mesdames, Messieurs les élus,

Mes chers concitoyens,

Chers Fontenaisiens,

Chers amis,

Aujourd’hui comme chaque année, nous portons collectivement la charge d’une histoire proche. Le 11 mars est une jeune cérémonie, qui n’appartient encore à ces grandes commémorations devenues au fil des ans des jalons de notre vie démocratique. Pourtant, elle n’en est pas moins importante et moins essentielle.

Bien au contraire, elle trouve ses racines dans une actualité tristement récente ; dans une barbarie d’autant plus abominable qu’elle hante encore les mémoires des femmes et des hommes de France. Ce jour est un appel à notre courage partagé et à notre résilience, car il s’agit de faire face ensemble à ces plaies toujours ouvertes qui marquent nos esprits et, pour certains, nos corps.

Nous sommes aujourd’hui réunis pour rendre hommage aux victimes du terrorisme ; à ces vies fauchées par l’ignominie terroriste ; à ces centaines de chairs blessées irrémédiablement. Elles sont le lourd bilan payé par la France et les Français, particulièrement durant les 12 dernières années d’une guerre qui ne dit pas son nom.

Mais, bien sûr, elles ne sont pas que cela, de simples statistiques aussi tragiques soient-elles. Derrière le masque des chiffres, ce sont les femmes et des hommes ; des adultes et des enfants ; des civils, des journalistes, des militaires ou des policiers, et, pour chacun d’entre eux, des familles, des amis, des collègues, des parents… ce sont des Français de toutes religions et de toutes cultures, aux parcours de vie différents, mais frappés pour ce qu’ils avaient en commun : leur appartenance à notre Nation et à ses valeurs universalistes.

La France, notre pays, offre à chacun la liberté de s’exprimer, d’entreprendre, de défendre ses opinions, de se déplacer, d’agir sans entrave selon ses mœurs, sa religion ou ses envies. De vivre, en somme ! Elle permet l’ascension sociale et à chacun de devenir celui ou celle qu’il aspire à être. Elle est le pays de l’égalité des chances et des droits, de l’égalité des femmes et des hommes qui, même imparfaite, reste bien supérieure à celle qui règne dans la majorité des pays du monde.

Ce modèle français, mais aussi européen, a été construit par nos parents, nos grands-parents, nos aïeux. Il est né dans le sang, la sueur et les larmes. Il est notre identité, la clé de voute de notre démocratie.

Il a donc une valeur inestimable. Il est le fruit miraculeux d’un long processus hérité des penseurs antiques, façonné par les Lumières, acquis par la Révolution et transmis jusqu’à nous par chacune des générations d’hier. Il est donc vital de se souvenir que s’il est un acquis, il pourrait hélas être perdu. C’est là tout l’objectif insidieux des violents, des fanatiques, des porteurs de mort, dont l’objectif est de détruire nos démocraties, nos libertés, avec l’arme de la terreur, afin de détruire notre cohésion nationale.

C’est la raison pour laquelle l’école de la République est aujourd’hui une cible privilégiée, et j’ai aujourd’hui une douloureuse pensée pour Samuel Paty, décapité pour avoir enseigné la liberté d’expression, condition du libre arbitre, et pour Dominique Bernard, assassiné dans la cour de son collège, mais aussi pour tous les enseignants blessés ou menacés au quotidien parce qu’ils enseignent les valeurs de la République.

Ce devoir mémoriel est un combat du quotidien. Il nous dépasse. Il dépasse même la France car ces valeurs que nous portons sont aussi celles de nos voisins et amis européens.

En cet instant, j’ai, pour chaque victime et pour chaque survivant du terrorisme, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, une pensée fraternelle. Je pense à tous ceux qui, en un instant, ont vu leur vie s’achever ou changer à jamais. Je pense à ceux du Bataclan, aux journalistes de Charlie Hebdo, à la policière de Montrouge, Clarissa Jean-Philippe, tuée d’une balle dans le dos. Je pense à Samuel Paty, à Dominique Bernard ou encore à Jacques Hamel, prêtre égorgé dans son église au terme d’une vie de bienveillance et de foi en l’amour des hommes. Je pense aussi à leurs familles, à leurs proches, à leurs parents, condamnés à vivre avec ces deuils impossibles.

Nous nous tenons ici pour leur témoigner notre soutien, notre tristesse et notre compassion, mais aussi pour réaffirmer haut et fort notre détermination à défendre ce pour quoi ils ont été frappés. Nous n’oublions pas.

« L’unité est la forme de toute beauté » disait Saint Augustin. « Par l’union nous vaincrons » disait Victor Hugo dans son célèbre discours de retour d’exil. Imprégnons-nous de ces mots. Car la cohésion de notre pays est le seul rempart face à un monde incertain, marqué depuis plusieurs années par des crises succédant à des crises, par la conspiration grandissante des totalitarismes contre nos démocraties occidentales, par les théâtres de guerre se multipliant et se rapprochant de notre douce France.

Honorons ce moment d’unité ensemble, en hommage aux victimes que nous célébrons aujourd’hui.

Vive la République, vive la France.

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